La chronique de Daniel Lévy

La chemise du réveillon

 Catastrophe ! Votre moitié est presque prête pour votre soirée du réveillon et vous êtes encore en caleçon devant votre dressing. 

Faute en est à la mention « black-tie » de l’invitation qui vous a fait exhumer votre smoking de la crypte où il reposait (avec les jeans de vos années étudiantes, dans lesquels vous ne désespérez pas de rentrer de nouveau un jour).

Il faudra bien vous y résoudre : pour le réveillon, vous devez être sur votre 31. Dans votre armoire, il y a trois chemises du soir : laquelle choisir ? 

La chemise du réveillon

 Catastrophe ! Votre moitié est presque prête pour votre soirée du réveillon et vous êtes encore en caleçon devant votre dressing. 

Faute en est à la mention « black-tie » de l’invitation qui vous a fait exhumer votre smoking de la crypte où il reposait (avec les jeans de vos années étudiantes, dans lesquels vous ne désespérez pas de rentrer de nouveau un jour).

Il faudra bien vous y résoudre : pour le réveillon, vous devez être sur votre 31. Dans votre armoire, il y a trois chemises du soir : laquelle choisir ? 

D’humeur sage, vous vous saisissez de votre première chemise de smoking, celle de vos rallyes, que vous regardez avec tendresse.

Rangée avec vos autres chemises blanches, elle paraît presque être une chemise de bureau. À une exception détestable : un ami bien intentionné mais mal renseigné vous avait affirmé « col cassé ou rien » et vous l’aviez écouté, alors que cela fait déguisé depuis 1954. 

Son boutonnage de gorge caché par une bande de tissu révèle aussi son usage. Bien sûr, elle possède des poignets mousquetaires. Même si vous entrez encore dedans, écartez-la sans hésitation.

Votre deuxième chemise de smoking est pour le moins baroque ! Choisie quand vous aviez trente ans, elle a été coupée dans un satin de soie d’un blanc imperceptiblement crème. Son col est rabattu, semi ouvert, de taille moyenne. Vous aviez renchéri en optant un plastron plissé, ode à Bret Sinclair. Vous rêviez alors de casinos et de cocktails exotiques.  Parce qu’amoureux des sixties, vous aviez choisi des poignets dits « cocktail cuff », qui ressemblent à des poignets mousquetaires mais qui ne nécessitent pas de bijoux : tellement plus pratique pour vivre des lounges d’aéroports au bar des palaces… 

Heureusement peut-être,  il a bien fallu que jeunesse passe et que raison arrive. 

Ce soir, vous n’aurez pas besoin d’artifices. Faites donc le bon choix pour votre dernière chemise de smoking. Celle-là, sur-mesure, possède un corps en voile ou en zéphyr de coton ; discrète fantaisie, elle se pare d’un plastron en nid d’abeille. Sous votre ceinture de soie, caché, se trouve votre monogramme brodé main dans un losange Art Déco. Son col est français et ses poignets ronds ne se boutonnent qu’avec des boutons de manchettes que vos enfants vous aideront à mettre avec l’air martial de circonstance. Une pochette blanche, roulottée main, coupée dans le même zéphyr que votre chemise complètera l’ensemble. 

Vous serez ainsi parfait.

Dépêchez-vous ! Le taxi vous attend !

Bonnes fêtes de fin d’année !

La chemise sport

De toutes les chemises, j’aime particulièrement celle que l’on porte lorsque tout le monde s’en passe. Je veux parler d’une chemise décontractée, celle de vos weekends élégants. C’est cela, une chemise sport ! 

La chemise sport

De toutes les chemises, j’aime particulièrement celle que l’on porte lorsque tout le monde s’en passe. Je veux parler d’une chemise décontractée, celle de vos weekends élégants. C’est cela, une chemise sport ! 

Le nouveau standard du sport semble être la chemise en jeans. Reprenant les codes des western, ces chemises sont assez pratiques : résistantes, elles ont deux poches plaquées dont le rabat sécurise ce que l’on y met. Portée dans ou en dehors du pantalon, avec un chino ou un pantalon de flanelle…Le tout est de la choisir suffisamment foncée pour qu’elle puisse patiner ! Pour ma part, j’aime en porter une version en Denim West Indian Sea Island Cotton, le denim selvedge à la fibre de coton la plus longue du monde ! Tout simplement.

Plus rare, mais tout aussi doux, j’ai aussi envie d’une gabardine de coton : ce coton émerisé, au toucher peau de pêche est aussi chaud qu’un pull fin : parfait pour les premières balades d’automne. Pourquoi ne pas jouer avec les codes militaires et choisir sa chemise avec des épaulettes ? Cette chemise se mariera parfaitement avec un jeans ou avec un pantalon en whipcord. 

Bien sûr, on peut toujours compter aussi la reine des chemises décontractées, l’OCBD : Oxford Cloth Button Down.  Si elle se coupe dans… de l’oxford, ce n’est pas tout : préférez-vous un oxford pinpoint ? Un oxford en double ou triple retors ? À larges rayures ou à carreaux ? Les premiers frimas appellent aussi velours et flanelle de coton. Le chambray est enfin l’option la plus moderne. 

Enfin, succombons à un petit snobisme de cette saison : la chemise que je ne quitterai pas est coupée dans une flanelle moelleuse de coton et de cachemire. Drapée autour du cou par un col Monsieur Pierre, un col français ou même un col cutaway, voici la chemise des longs week-ends de farniente et des soirées au coin du feu ! 

Le semainier

Septembre 2023

C’est la rentrée ! Vous avez rangé vos affaires d’été… attention au sable. Devant votre dressing, un constat effarant : vos chemises ont besoin d’être renouvellées. Voici les sept chemises indispensables pour composer sa semaine.

Lundi : Mettre opur ses meetings une chemise blanche dans une popeline dense et glacée en 140/2. Choisie avec un grand col français, aux poignets mousquetaires, elle sera votre meilleure alliée. Formelle et élégante, elle réhausse le teint et se marie avec tous ses costumes de bureau.

Mardi : Après tout, la rentrée, c’est aussi le moment d’essayer de nouvelles choses…

Le semainier

Septembre 2023

C’est la rentrée ! Vous avez rangé vos affaires d’été… attention au sable. Devant votre dressing, un constat effarant : vos chemises ont besoin d’être renouvellées. Voici les sept chemises indispensables pour composer sa semaine.

Lundi : Mettre opur ses meetings une chemise blanche dans une popeline dense et glacée en 140/2. Choisie avec un grand col français, aux poignets mousquetaires, elle sera votre meilleure alliée. Formelle et élégante, elle réhausse le teint et se marie avec tous ses costumes de bureau.

Mardi : Après tout, la rentrée, c’est aussi le moment d’essayer de nouvelles choses…

Vous choisissez une chemise bleue en twill, tissage plus doux et plus lumineux que la popeline pour être dans un cocon de coton. Vous avez demandé un col semi-ouvert dont le bleu lavandé vous donne une excellente mine. Comble du chic, vos poignets sont mixtes : vous pouvez les boutonner ou les porter avec les boutons de manchettes achetés pendant vos vacances. Bonne nouvelle !

Mercredi : La semaine se corse -hélas pas l’île- et les courriels pleuvent au rythme des gouttes à votre fenêtre. Combattez la morosité par une chemise qui attirera l’attention de vos collègues. Choisissez un corps de chemise rayé. Vous avez eu raison de choisir cette rayure bleue et blanche, équilibrée. Les cols et poignets de votre chemise sont d’un blanc éclatant. Avec un col anglais qui a une petite patte pour enserrer votre cravate. Vos poignets sont des poignets simples oui, mais biseautés.

Jeudi : Décidément, puisque vos collègues ne comprennent rien à rien et vous appellent Gordon Gecko alors que vous avez horreur des bretelles, montrez-leur que vous faites fi de leur inculture et ouvrez Monsieur à votre bureau pour le lire ostensiblement. Si le col blanc d’hier fait encore bruisser les couloirs sur votre passage, vous avez choisi aujourd’hui une chemise toute rayée, d’un fond blanc…mais à fines rayures roses ! Comme les grands fauves sont effrayés par les animaux aux couleurs vives, vous passez haut la main votre entretien RH et obtenez votre augmentation.

Vendredi : Jour de gloire. Pour être plus à l’aise, vous portez une chemise à col boutonné en oxford bleu moyen. Idéale avec sa gorge surpiquée, sa poche poitrine et son pli d’aisance dans le dos. C’est une chemise à l’américaine inventée pour les joueurs de polo -vous goûtez très peu à leur cuisine et votre dernier match remonte à vos études. C’est cependant la chemise idéale pour filer à l’anglaise dès 17H. Les mails attendront lundi !

Samedi : Les choses sérieuses commencent. Au volant de votre Spider Duetto IV, pour le théâtre ou vos dîners en ville, avec un jean ou avec une flanelle, vous portez une chemise en twill blanc à col…Monsieur Pierre. Imaginé à l’heure où l’on porte moins de cravates, ce col est idéal pour une élégance tout en décontraction…Quoi que vous fassiez !

Dimanche : Heure de paresse.  Détendu, vous trainez d’un brunch à une expo, dans une sublime chemise en jeans : vous avez choisi un denim Sea-Island de la Barbade. Ce coton aux fibres les plus longues du monde est d’une douceur exceptionnelle. Sa patine après quelques lavages vous donne un air de cowboy urbain qui n’est pas pour vous déplaire : vous avez raison.

Comment ne pas commencer par la chemise blanche ?

Avril 2023

Avec trente ans d’expertise dans la chemise sur-mesure de tradition française, comment ne pas commencer mes chroniques dans Monsieur sans vous parler de la chemise blanche ? 

De la chemise à fraise et froncée de Charles IX à la chemise « front-de-guerre » de Bernard Henri-Lévy, la chemise blanche est le seul vêtement masculin qui traverse toutes les époques et tous les âges. 

Sobre, habillée et passe-partout, elle s’invite, retroussée et usée, sur l’autoportrait intime du jeune Ingres, comme amidonnée et sensationnelle dans la plupart des illustrations de Monsieur depuis 1920. 

Le secret de sa longévité ? C’est son blanc immaculé, d’abord symbole de richesse et de pureté morale, puis symbole de propreté et aujourd’hui de respectabilité. 

Comment ne pas commencer par la chemise blanche ?

Avril 2023

Avec trente ans d’expertise dans la chemise sur-mesure de tradition française, comment ne pas commencer mes chroniques dans Monsieur sans vous parler de la chemise blanche ? 

De la chemise à fraise et froncée de Charles IX à la chemise « front-de-guerre » de Bernard Henri-Lévy, la chemise blanche est le seul vêtement masculin qui traverse toutes les époques et tous les âges. 

Sobre, habillée et passe-partout, elle s’invite, retroussée et usée, sur l’autoportrait intime du jeune Ingres, comme amidonnée et sensationnelle dans la plupart des illustrations de Monsieur depuis 1920. 

Le secret de sa longévité ? C’est son blanc immaculé, d’abord symbole de richesse et de pureté morale, puis symbole de propreté et aujourd’hui de respectabilité. 

C’est bien simple, la chemise blanche se décline pour toutes les saisons et toutes les occasions. 

Le coton Oxford de l’automne succède au lin frais de l’été. Le Giro Inglese décontracté du bord de plage laisse place au blanc éclatant du plastron en nid d’abeille d’une chemise de smoking, le soir venu. 

Et bien sûr, dans les moments solennels, que ce soit vos fusions-acquisitions ou pire, votre mariage, tous se sont faits en chemise blanche. 

Que vous la choisissiez en popeline, en twill, en zéphyr ou en voile, voici l’alliée des matins où l’on hésite devant son dressing pour s’habiller. 

Elle va avec tous les gris et tous les bleus de vos costumes de ville, un blazer et un pantalon en flanelle ou votre smoking. Il n’y a que la forme des cols et des poignets qui changent : col casse pour le soir, col à sous-patte boutonnée pour le bureau et col Monsieur Pierre pour les diners chics – au chemisier de vous guider. 

Le sur-mesure l’anoblit encore.

Celle que je préfère est dans un twill 200/2 soyeux, ajustée parfaitement à votre morphologie, avec des boutons en nacre d’Australie, des coutures anglaises et décalées sous l’emmanchure, des poignets souples que vous ne parviendrez pas à user, des hirondelles de renfort et un col. français, bien sur !

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