La chemise du réveillon
Catastrophe ! Votre moitié est presque prête pour votre soirée du réveillon et vous êtes encore en caleçon devant votre dressing.
Faute en est à la mention « black-tie » de l’invitation qui vous a fait exhumer votre smoking de la crypte où il reposait (avec les jeans de vos années étudiantes, dans lesquels vous ne désespérez pas de rentrer de nouveau un jour).
Il faudra bien vous y résoudre : pour le réveillon, vous devez être sur votre 31. Dans votre armoire, il y a trois chemises du soir : laquelle choisir ?
La chemise du réveillon
Catastrophe ! Votre moitié est presque prête pour votre soirée du réveillon et vous êtes encore en caleçon devant votre dressing.
Faute en est à la mention « black-tie » de l’invitation qui vous a fait exhumer votre smoking de la crypte où il reposait (avec les jeans de vos années étudiantes, dans lesquels vous ne désespérez pas de rentrer de nouveau un jour).
Il faudra bien vous y résoudre : pour le réveillon, vous devez être sur votre 31. Dans votre armoire, il y a trois chemises du soir : laquelle choisir ?
D’humeur sage, vous vous saisissez de votre première chemise de smoking, celle de vos rallyes, que vous regardez avec tendresse.
Rangée avec vos autres chemises blanches, elle paraît presque être une chemise de bureau. À une exception détestable : un ami bien intentionné mais mal renseigné vous avait affirmé « col cassé ou rien » et vous l’aviez écouté, alors que cela fait déguisé depuis 1954.
Son boutonnage de gorge caché par une bande de tissu révèle aussi son usage. Bien sûr, elle possède des poignets mousquetaires. Même si vous entrez encore dedans, écartez-la sans hésitation.
Votre deuxième chemise de smoking est pour le moins baroque ! Choisie quand vous aviez trente ans, elle a été coupée dans un satin de soie d’un blanc imperceptiblement crème. Son col est rabattu, semi ouvert, de taille moyenne. Vous aviez renchéri en optant un plastron plissé, ode à Bret Sinclair. Vous rêviez alors de casinos et de cocktails exotiques. Parce qu’amoureux des sixties, vous aviez choisi des poignets dits « cocktail cuff », qui ressemblent à des poignets mousquetaires mais qui ne nécessitent pas de bijoux : tellement plus pratique pour vivre des lounges d’aéroports au bar des palaces…
Heureusement peut-être, il a bien fallu que jeunesse passe et que raison arrive.
Ce soir, vous n’aurez pas besoin d’artifices. Faites donc le bon choix pour votre dernière chemise de smoking. Celle-là, sur-mesure, possède un corps en voile ou en zéphyr de coton ; discrète fantaisie, elle se pare d’un plastron en nid d’abeille. Sous votre ceinture de soie, caché, se trouve votre monogramme brodé main dans un losange Art Déco. Son col est français et ses poignets ronds ne se boutonnent qu’avec des boutons de manchettes que vos enfants vous aideront à mettre avec l’air martial de circonstance. Une pochette blanche, roulottée main, coupée dans le même zéphyr que votre chemise complètera l’ensemble.
Vous serez ainsi parfait.
Dépêchez-vous ! Le taxi vous attend !
Bonnes fêtes de fin d’année !